Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE NEUVIÈME. 287

vingt-cinq minutes de la ville, le village d'Orea-Louka, où Danilo I* s'était fait construire le pied-à-terre qui sert aujourd'hui d'école. La petite église que l’on voit en face a été édifiée par le prince Nicolas à la mémoire de son père Mirko.

En quittant Danilograd de bon matin, on peut arriver avant midi au célèbre monastère d'Ostrog, dont la fête, qui à lieu le jour de la Trinité, attire chaque année un immense concours de pèlerins. Le chemin d'Ostrog suit la plaine pendant deux heures et conduit jusqu'au bord de la Zéta, que l’on franchit soit à gué soit en bateau, avant de s'engager dans les rudes montagnes au milieu desquelles est bâti le double monastère. Celui-ci, en effet, comprend un couvent inférieur auquel sont annexés de vastes caravansérails destinés au logement des pèlerins, une assez jolie église et diverses autres dépendances, puis un couvent supérieur situé dans le plus sauvage endroit de ces montagnes, au fond d’une vaste grotte que surplombe un immense rocher perpendiculaire. Il faut vingt minutes pour aller du couvent inférieur au supérieur, et c'est dans ce dernier que Mirko Petrovitj soutint, avec quatorze hommes, en 1857, un véritable siège contre les troupes ottomanes.

De toutes les provinces turques et autrichiennes avoisinant le Monténégro, Albanie, Bosnie, Herzégovine et Dalmatie, et même de points plus éloignés encore, enfin de toutes les nahie de la Tsernagore, on se rend dévotement à Ostrog pour y vénérer les restes d’un saint Basile, conservés au monastère supérieur. Dès la veille de la Trinité, les caravansérails sont encombrés, des tentes se dressent de toutes parts, des campements S'élablissent même à la belle étoile, et les marchands