Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures
CHAPITRE NEUVIÈME. 291
celui de Cattaro et à l'entrée même du village de Baïts, atteint, par des pentes constamment rapides, la source d'Yvan; l'autre, un peu plus long, sé prend au sud-ouest de Tsettinjé, et passe à Biéloski-Sokol, modeste petit village dont les habitants font surtout le commerce du bois, abondant dans leur voisinage. On doit de préférence prendre le premier de ces chemins pour l'aller et le second pour le retour.
De Tsettinjé jusqu’à Ivanowa-Korita on met au plus trois heures et demie : c’est là qu'a lieu la première halte, indispensable pour permettre aux chevaux d’accomplir la tâche difficile qu’ils ont à terminer. En quittant la fontaine, on traverse un vallon aride et pierreux, aboutissant à un amphithéâtre de rochers où l'on doit laisser aux montures le soin de trouver leur route parmi les talus, les ravins et les anfractuosités de tout genre. On pourra, du reste, mettre de côté toute inquiétude, car les chevaux tsernogortses s’avancent d'un pas aussi sûr le long des pentes les plus abruptes, que dans la plaine unie. Quelquefois, les jambes ramassées sur un étroit espace que le vide entoure, on les voit étudier un instant leurs forces, puis, dans un élan bien calculé, franchir l'obstacle qui leur barrait le passage. Au bout d'une heure, à la rencontre d’une vieille masure en pierres sèches où, dit-on, habita pendant quelque temps le fameux Tchiepan Mali, pendant son éphémère usurpation, on met pied à terre pour suivre une crête élroite, conduisant à un rocher perpendiculaire, autour duquel on à ménagé un escalier rapide dont l'ascension ne serait point sans danger pour une personne facilement accessible au vertige; mais on peut heureusement compter sur la prudence et la force des guides monténégrins.