Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures
CHAPITRE DIXIÈME. 307
en avant, il les trouva prêts à une résistance désespérée dans les positions favorables où ils avaient pu solidement s'établir. Dans les journées de Zagaratj et de Kokoti où, dit-on, le déployement des forces musulmanes atteignit : jusqu'à cnquante mille hommes, contre un ennemi plus de trois fois inférieur en nombre, l'avantage resta constamment aux Monténégrins, qui, reprenant une véritable offensive, même dans les Biélopavitj, rejetèrent fnalement sur la Moratcha les troupes ottomanes à leur tour démoralisées. ‘
Omer-Pacha, appuyant som armée à la forteresse de Jabliak, prit ses campements au voisinage du lac de Scutari, en attendant les renforts qui lui étaient expédiés à la hâte, des points les plus éloignés de l'empire, et, renonçant à un plan d'invasion dont les résultats avaient peu répondu aux débuts de la campagne, se prépara à la marche hardie qui devait bientôt le conduire presque jusqu'à Tsettinjé.
Cette lutte, engagée par une des plus grandes puissances du monde contre une poignée de montagnards, sans artillerie, sans munitions, presque sans discipline, n'avait point ému les cabinets européens, et la diplomatie assistait impassible à l'écrasement d'un peuple héroïque. Il avait pourtant suffi d'une démonstration de la France pour arrêter les Turcs après Grahovo ; mais on eût dit que cette fois le divan n'avait point été seul à décréter la fn de la Tsernagore.
Mais comment résisterions-nous au désir de rappeler tout entière cette page émue, dans laquelle M. Lenormand caractérise l'attitude courageuse du Saint-Siége au milieu de cette défaillance générale des gouvernements séculiers ?