Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE DIXIÈME. 313

ses déterminations ultérieures, et sa fermeté"à résister aux entraînements belliqueux d’un peuple insouciant des travaux et des avantages de la paix, méprisant la vie sans la gloire, et réalisant en soi, en un mot, ce que Voltaire, après Tacite, disait des montagnards de la Catalogne : « Nalion intrépide, qui comple la vie pour rien quand elle ne l'emploie pas à combattre ’

Les années qui suivirent celle de la guerre furent employées à réparer les ruines accumulées sur le passage de l’armée ottomane, à remplir les poudrières, à créer le petit arsenal de Riéka et à procurer au pays, au moyen d’une loterie autorisée par le gouvernement français, les douze mille carabines qui constituent encore aujourd'hui le principal armement des ] Monténégrins. La Serbie leur faisait parvenir de son côté une première batterie d'obusiers de montagne, présent bien précieux que la générosité d'un serbe allait bientôt doubler. Quel-

ques officiers envoyés de Belgrade venaient enfin mettre un peu de méthode dans l'instruction militaire de ces guerriers improvisés, n'ayant à leur service que l'audace et le dévouement entier à la patrie, mais tout à fait étrangers à l’art technique des combats.

Venu à Paris au moment de l'exposition universelle de 1867, le prince Nicolas, de même que son oncle Danilo, au début de l'Empire, recevait de Napoléon II des témoignages particuliers d'estime et de bienveillance pour sa personne et pour son pays, bien propres alors à flatter son orgueil patriotique et ses espérances.

Mais une nouvelle calamité allait mettre à l'épreuve tous les sentiments de Nicolas I‘, en le frappant à la fois

1 Vorrame, Siècle de Louis XIV, ch. XXI. 18