Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures
CHAPITRE ONZIÈME. 319
pouvait battre à l'aise sous les lambris dorés des palais étrangers. Mais, tout à l'objet de son voyage, le prince des Monténégrins faisait connaître, tantôt à Alexandre Jui-même, tantôt aux ministres du tsar, ou bien même aux grands personnages capables d’être un jour utiles à son pays, la misère et les besoins des siens, leur courage dans l’adversité, leur fidélité à l’orthodoxie, et son propre désir d’éveiller à une vie nouvelle ce peuple déshérité.
Ces plaintes trouvèrent de nombreux échos dans la famille du tsar et dans la haute société de Saint-Pétersbourg, et quand Nicolas [* quitta, au mois de février, Ja capitale de la Russie, de nombreux projets, intéressant sa principauté, étaient arrêtés en principe et ne devaient point tarder à recevoir leur exécution. Des subsides étaient promis pour la création des écoles; on choisissait des maîtres, capables de mener à bonne fin l'œuvre si difficile de l'instruction, chez une nation absolument ignorante des premiers principes des sciences et des lettres ; l'empereur lui-même accordait généreusement tout un matériel télégraphique, et assurait le payement intégral des armes et des munitions dont on avait, comme toujours, un pressant besoin.
Dans une pareille occurrence d'événements heureux, le prince monténégrin ne dut-il pas, faisant un retour bien naturel vers le passé, se rappeler les tribulations qu'avait supportées, dans des circonstances analogues, son saint prédécesseur, Pierre [*, accomplissant son troisième voyage en Russie pour venir chercher à Scheklof, auprès du général Zoritj, quelques misérables subsides, et se voyant ensuite emprisonner à Berlin, comme un malfaiteur, en regagnant son pays!
Après avoir quitté Saint-Pétersbourg, le chef des