Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures
CHAPITRE ONZIÈME. 399
Mais comment un prince monténégrin se mettrait-il à l'abri d'un danger au-devant duquel tout homme en évi-. dence se jette volontiers; et comment un peuple pour lequel ladulation n'a jamais trop d'hyperboles pourraitil être convaincu qu'il ne blessera pas son maître en lui disant la vérité : entre celle-ci et le manque de respect il chercherait en vain la différence. Ce devrait donc être pour. Nicolas I‘ une incessante préoccupation de n’élever autour de lui que des gens éprouvés par leur prudence et leur sagesse, en même temps que par l'indépendance de leur caractère, et surtout de prévenir au lieu d'encourager, parmi les membres mêmes dé ses conseils, ces rivalités et ces méfiances réciproques dont le seul avantage consiste, tantôt en révélations mesquines , tantôt en criminelles dénonciations où l'intérêt de la chose publique est toujours sacrifié aux haines personnelles. L'axiome gouvernemental : « diviser pour régneT » peut avoir politiquement sa raison et son emploi; mais l'entourage d'un prince ne doit être composé que d'hommes unissant dans un même sentiment l'amour de leur maître et celui de l'État ; ayant un but commun, le bien du pays ; un double moyen pour y arriver, le sacrifice de leurs propres passions et le culte de la vérité. Multiplier les partis autour de soi, c'est peut-être se ménager le moyen de les dominer tous facilement; mais où chercher des conseils dans le conflit des jalousies? Et puis la dignité d'un prince se trouve engagée à élever, à ennoblir le caractère des grands dont il s’entoure, à ne jamais les laisser descendre à la délation; car autrement
si compiaccioné tanfo nelle cose lor proprie ed in modo vi s'ingannano, che con difficulta si difendono da questa peste; ed a volersene difendere, si porta pericolo di non diventare contennendo,