Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE DIX-SEPTIÈME. 469

et, bientôt rejoint par un nouveau bataillon qui prit les insurgés en flanc, il contraignit ces derniers d'abandonner leur attaque principale, et bientôt de songer eux-mêmes à la retraite. Mais celle-ci fut excessivement meurtrière pour eux, car, écrasés par les deux forteresses et par deux batteries de montagne, et subissant également le feu de trois bataillons, ils eurent soixante-dix morts et plus de cent blessés. Les Boccésiens qui avaient pris part à cette double affaire étaient au nombre de douze cents, commandés par un chef d'élite, et leur attaque fut si pressante et si audacieuse, que la garnison des deux forts brûla dans la matinée toutes ses munitions. On dit qu'un certain nombre de femmes figuraient parmi les combattants, et que, étant revenues le soir pour enlever leurs morts, beaucoup d'entre elles furent tuées par les soldats autrichiens.

La plus grande partie de la garnison de Budua ayant été envoyée à Risano, la ville n'était plus gardée que par une compagnie de soixante-dix hommes, sous le commandement d’un capitaine. Aussi toutes les précautions furent prises en prévision d’une attaque. On ferma les portes et on les protégea par des remblais; on interdit l'entrée et la sortie de la ville; on veilla nuit et jour. Le 10 octobre la garnison s’aperçut que, du côté de Maïné, des insurgés portant des drapeaux parcouraient les crêtes; puis, vers le soir, on entendit des coups de fusil et des cris d'appel d'une montagne à l'autre. Effectivement, dans le courant de la nuit, les insurgés s’avancèrent dans deux directions, transportant avec eux deux canons pris à Staniévitj. La petite garnison comptant fort peu sur ses murailles à demi-ruinées et sachant bien que l'ennemi connaissait les moindres

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