Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE DIX-SEPTIÈME. 419

que de part et d'autre on eût fait le moindre pas vers un ‘ arrangement.

La veille du jour où avait lieu cet incident, le général Schænfeld quittait Budua pour se porter sur Braïtché et Kosmatch, en même temps que le lieutenant Pokornir venait à sa rencontre avec une partie de la garnison de la forteresse, et brûlait encore en passant quelques maisons de Braïtché. La colonne arriva à Kosmatch à trois heures du soir, après avoir escarmouché avec les insurgés que le canon du fort maintenait à distance. Le 5, le général Schœnfeld fit hisser le pavillon parlementaire et envoya le major Luksard, accompagné du lieutenant Poutkovitj, pour proposer aux insurgés de mettre bas les armes, en leur garantissant l’amnistie. Les délégués boccésiens étaient près d'accéder à cet arrangement; mais ils voulurent auparavant prendre l'avis des leurs, qui fut tout à fait contraire. Le 6, on se réunit de nouveau, et les parlementaires autrichiens se rendirent même jusqu'auprès des confins monténégrins, où était hissé le drapeau blanc. La moitié des gens d'Ougléchitch et de Braïtj étaient prôts à faire leur soumission: mais l'autre moitié, partageant l'opinion des chefs Martinovitj et Klaitj, ne voulaient entendre parler d'aucun arrangement et, montrant au loin les villages brûlés, disaient que, n'ayant plus rien à perdre que la vie, ils en faisaient volontiers le sacrifice. A deux heures, de l'après-midi, rien n'ayant encore été conclu, les parlementaires durent rentrer à Kosmatch, et le canon donna le signal de la reprise des hostilités.

Les troupes lancées en avant parvinrent sans difficulté au sommet des montagnes, et se trouvèrent en face des sentinelles monténégrines qui gardaient la frontière. Les