Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE DIX-SEPTIÈME. 481

blir deux compagnies, et le lendemain on s’avança jusqu'à Lédénitsé, où le colonel Fischer avait déjà pris position sans difficulté sérieuse, en l'attaquant avec son artillerie. Jusqu'à Tserquitsa, pendant la journée du 6, on dut constamment employer le canon, les insurgés ne cédant qu'à la dernière extrémité, et l'on perdit quelques hommes. Le général en chef, voulant attirer l'attention de l'ennemi et dégager, si c'était possible, le défilé de Liépoglave, que les colonnes Fischer et Keifell avaient à franchir, concentra toutes ses troupes à Tserquitsa et parut y prendre l'offensive sur tous les points du voisinage occupés par les Boccésiens. Le 7 au matin, on apprit que Fischer et Keifell avaient heureusement ‘atteint Dragaï après une lutte acharnée, et le 8 le comte Auersperg les rejoignit avec d'autres troupes. Mais pendant ces cinq jours de luttes continuelles, dans des passages de plus enplus périlleux, le général avait pu s’assurer de la difficulté qu'il y avait à triompher d’un ennemi presque invisible et toujours insaisissable. Et pourtant l'hiver, plus tardif que de coutume, n'avait pas encore apporté avec lui des obstacles dont aucune force ne saurait triompher dans de pareilles régions. Aussi, après avoir fait approvisionner de vivres pour quatre-vingt-dix jours Dragaï et Tserquitsa, relevé et doublé leur garnison, le commandant en chef ordonna le retour immédiat à Risano.

Cette dernière expédition dirigée contre les Krivosié avait coûté des pertes énormes, et il serait trop long de rapporter en détail celles que supportèrent tous les corps engagés. L'enlèvement des hauteurs dominant le défilé de Han coûta plus de deux cents hommes : une compagnie en perdit à elle seule soixante-treize; au nombre