Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE XVIII.

Droit du Monténégro à l'indépendance. — Avenir de la principauté.

Les remaniements si violemment opérés, depuis une dizaine d'années, dans la contexture des États éuropéens, et la substitution de plus en plus formelle, systématique et avouée, de la force brutale aux anciennes garanties des traités et-aux droits imprescriptibles de possession, doivent faire considérer aujourd'hui comme oiseuse toute discussion tendant à établir la légitimité des prétentions d'un peuple à jouir d’une vie indépendante, alors même que cette indépendance se serait affirmée par une série de luttes victorieusement soutenues, et par plusieurs siècles d'autonomie. Telle est en réalité la situation du Monténégro, revendiquant sans succès la reconnaissance par voie diplomatique d’un état de choses qu'il a laborieusement constitué, et dont il a montré en maintes occasions qu'il pouvait garantir sérieusement le maintien. Sans oser prétendre qu'une tardive satisfaction soit jamais accordée aux protestations adressées à plusieurs reprises par les chefs de la Montagne-Noiïre, soit aux grandes puissances représentées dans les congrès, soit à la Porte elle-même, contre cette suzeraineté purement nominale et jamais effective, que la Turquie ne veut point se résoudre à abdiquer franchement, nous voulons au moins, avant de terminer ces études, tenter d'établir par des faits irrécusables le droit du Monténégro à son