Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE DIX-HUITIÈME. 501

sion d'eux-mêmes; et si la Tsernagore semble depuis treize années, recueillir seulement ses forces, c'est sans doute pour préparer plus sûrement la suprême revanche de ses coreligionnaires soumis encore à la Turquie. La destinée des provinces serbes sur lesquelles pèse le joug ottoman, est en effet liée invinciblement à l'attitude que prendra le Monténégro dans les révolutions dont elles deviendront de jour en jour plus fatalement le théâtre. Au cri de guerre parti de Tsettinjé répondrait celui de toutes les populations répandues depuis la Save jusqu'au Drin, et de l'Adriatique au Danube, peut-être même jusqu'au Pruth. C'est que, trop longtemps isolées dans leur politique et dédaigneuses de leurs véritables intérêts, la Serbie, la Roumanie et la Montagne-Noire ont enfin compris qu'en face de l'ennemi commun, tout sentiment de rivalité devait disparaître, et toute question de suprématie être, momentanément au moins, écartée. Chacune de son côté prépare silencieusement l'éclosion de cette grande fédération du Danube, où viendront se réunir toutes les provinces de l'ancien empire des Némanjides, et peut-être un jour la Roumélie tout entière, si l'Europe, revenue des errements du passé, délivre enfin Constantinople de ses maîtres illégitimes.

FIN.