Le Monténégro

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ble de tous les otftomans qui refusaient d'embrasser la religion orthodoxe et de baiser la croix, fut aussi le signal de l’affranchissement dela Tsernagora. Le Vladika Daniel, à la fois évêque et souverain, n'avait point prétendu venger par ce massacre les martyrisantes tortures, les atrocités sans nom que les Tures lui avaient fait subir ; maisilvengeait les injures faites à sa nation, dont les plaies aussi saignaient cruellement. Ce furent de nouvelles vêpres siciliennes que ces Matines Monténégrines. On frappa sans pitié ; l'esclavage eût déshonoré les Monténégrins, qui célébrèrent leur délivrance en des «pesmas » d'une joie délirante. Ces faits étaient arrivés à l'oreille de Pierrele-Grand, qui comprit combien d'aussi braves guerriers seraient d'utiles alliés, et combien précieuses seraient leurs diversions dans les entreprises qu'il méditait contre l'empire ottoman. Jusqu'à cette époque le Monténégro n'avait trouvé d'appui qu'auprès de la République de Venise ; mais Venise avait vu sombrer sa grandeur et sa puissance; à son déclin déjà.elle allait disparaitre : ce n'était plus qu'une cité de négociants. Le Vladika Daniel avait suivi les phases de cetteagonie et voyait se lever, à l'horizon même de son pays, un astre dont l'éclat