Le mouvement des idées : sur une histoire de la Révolution

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LE MOUVEMENT DES IDÉES 523

cipes, d’une portée infiniment plus haute : les principes communistes » (p. 743). Elle n'est pas parvenue à les imposer, n'ayant pas eu la force de rendre tout ce qu’elle aurait pu donner; mais elle a planté, et arrosé —_ on sait comment — le grain qui germera pendant tout le siècle suivant... \

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Naturellement, la bourgeoisie se trouve à l'extrême opposé : par ses habitudes, par ses aspirations, par ses idées directrices, elle est beaucoup plus éloignée du peuple ainsi compris, que du roi et de l’ancienne aristocratie. Elle est une classe propriétaire et privilégiée. Elle a lancé l’idée de la Révolution quand elle s’est trouvée mûre pour s'emparer du pouvoir, et se substituer à ceux qui le détenaient jusqu'alors. M. Kropotkine analyse à merveille, au début de son livre (p. 714), l’état d'esprit de cette classe dont la qualité mai-

tresse, opposée à l’instincé du peuple, paraît être le

calcul ou la réflexion. Aussi, dès le début de la période révolutionnaire, elle « savait bien ce qu’elle voulait », = encore que les résultats aient sensiblement différé de son attente. Républicaine « dans ses sentiments », elle ne croyait pas au dogme « République » comme on y crut plus tard; au contraire, elle était prête à s'entendre avec le roi, pourvu qu'il acceptât d’être dirigé par elle, et consentit à laisser limiter par les lois son pouvoir arbitraire. Elle n'était pas « athée », malgré ses philosophes préférés, ni même anticatholique; mais elle était déjà anticléricale, en ce sens du moins qu’elle n’aimait pas le clergé. Au point de vue politique, « son idéal était de donner à la France une constitution, modelée sur la constitution anglaise », c’est-à-dire libérale, et qui, dans la pratique, lui assurât