Le règne de la vertu : la dictature de Robespierre

LE RÈGNE DE LA VERTU. ‘879

fut pourtant bien Chaumette. C'était un aventurier que $es mœurs, — si j'en crois les gens bien informés, = eussent de nos jours conduit en cour d'assises (à huis clos). Lui aussi parlait de « la vertu, » mais il pratiquait le vice rare. Anaxagoras Chaumette se fût ici sans doute recommandé des philosophes grecs: comme eux, par ailleurs, il entendait déloger les dieux. Il fallait entre autres évincer le Christ. On commença à Paris par décrocher des clochers « les breloques du Père Éternel » dont on entendit faire des canons et des sous; puis on parla d’abattre les clochers eux-mêmes, qui, « par leur domination sur les autres : édifices, semblaient, écrivait-on à l'Hôtel de Ville, contrarier les principes de l’Égalité. » Le théâtre se mit à ridiculiser l’ancienne religion dans le Tombeau des Imposteurs et l'Inauguration du temple de la Vérité où une grand'messe était, sur la scène, chantée en parodie. f

La Convention ne sembla pas tout d’abord portée à favoriser cette campagne. C’étaient cependant certains de ses membres qui avaient, Les premiers, en province, tenté de substituer, dès l’automne de 1793, au culte chrétien le culte civique : Dumont à Abbeville, Fouché à Nevers, Laignelot à Rochefort, et bien d’autres. Sous l'inspiration de Chaumette, venu à Nevers, Fouché avait, par un célèbre arrêté, aboli le ciel, le purgatoire et l'enfer, en proclamant la mort « sommeil éternel. »

Le mouvement se généralisa : on se mit à brûler un peu partout « Les vierges à miracles » et à rafler « l’argenterie des églises. » Entre les mains de Fouché l’évêque de l’Allier abjura; Gobel, évêque de Paris, allait limiter. Il y eut des détails grotesques : tel converti se lava la tête en plein club pour « ge débaptiser » et, solennellement, Bechonnet, ci-devant prêtre, divorça publiquement d’avec son bréviaire.

Encouragée, la Commune pesait sur la Convention où, appuyé par Robespierre el même par Danton, l'évêque Grégoire résistait très courageusement à la poussée. Mais les « hébertistes » de l’Assemblée faisait rage, gens dont Grégoire affirme qu'ils lui amenaient leurs femmes à confesse et leurs enfans à baptiser, mais publiquement « blasphémaient contre la révélation. »

Fouché envoyait des caisses de calices et de crucifix qu'on déballait devant la tribune. Cette opération grisait d'iconoclastie l'Assemblée. Lorsque, après un de ces «inventaires, » Gobel,