Le Saint-Siège : l'Espagne et la France : le différend religieux entre Madrid et Rome, les mariages espagnols
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de la Religion. Le Gouvernement de la Reine, ainsi que le Ministre des. Finances vient de le déclarer aux Cortes, doit leur proposer une loi destinée à faire rentrer le Clergé en possession de ses propriétés non aliénées. Mais il n’est que trop certain qu’une telle mesure alarme l'opinion déjà émue par d’imprudentes- manifestations du Clergé, qu’elle inquiète les acquéreurs des biens ecclésiastiques, qu’elle fournit des prétextes d’agitation aux ennemis du‘repos public, qu'elle risquerait d'amener de nouvelles perturbations et qu'elle finirait peut-être par mettre le trône lui-même en péril, si rien ne venait rassurer à propos les esprits et les intérêts alarmés. | l
La dépêche du comte de Bresson, dont je vous envoie ci-joint un extrait, peint à cet égard la gravité de la situation et fait con- : naître le point capital des instructions que M. Castillo doit emporter à Rome. Il s’agit avant tout d'obtenir la reconnaissance de la reine Isabelle IL par le Pape et la sanction des ventes ecclésiastiques déjà consommées. Ce doit être la première condition d’un arrangement entre les deux Cours, la compensation indispensable et juste des sacrifices que le Gouvernement de la Reine n'hésite pas À faire au désir de réconcilier l'Espagne avec le Saint-Siège et de rendre à l'Eglise de ce royaume son lustre et sa prospérité. Il importe donc que le Saint-Siège, de son côté tienne sérieussement compte des exigences d’une telle position et qu'il évite de tout compromettre en voulant tout obtenir sans rien accorder. . À
Vous ne saurez trop insister, Monsieur le Comte, auprès du cardinal Lambruschini et du Pape lui-même sur l'urgence de ces considérations, sur la nécessité réelle et évidente pour le Saint-Siège de prendre, au profit de la Religion et de la Monarchie, une de ces salutaires résolutions devant lesquelles sa sagesse n’a jamais reculé. Je désirerais beaucoup que vous puissiez réussir à l’en convaincre et à l'y déterminer avant le retour de M. Castillo à Rome, de sorte que l'Espagne nous ait cette nouvelle et importante obligation.»