Le Saint-Siège : l'Espagne et la France : le différend religieux entre Madrid et Rome, les mariages espagnols
ONE quitter toutes réserves vis à vis de M. Bravo? Et, d'un autre côté, comment croire que Monseigneur di Pietro, jusque là si réservé, ait tout à coup commis de son chef une si grave imprudence et fait peser sur sa Cour le reproche d’une inconcevable duplicité? (I).
* Il est une remarque qui sans doute n’a pas échappé à Votre Excellence. Rome n’hésitait pas à reconnaître la reine Isabelle. Le Convenio signé était conclu entre la Reine et le Saint-Père. Les clauses de la Convention impliquaient cette reconnaissance. M. Castillo était reçu ici comme Ministre d'Isabelle Il: Si le Gouvernement espagnol avait cru pouvoir ratifier la Convention, tout était dit pour Rome sur la question de la succession au Trône. J'ajoute que M. Castillo m'a toujours dit que: «S'il n'y avait pas dans le Concordat un article explicite pour la reconnaisance d'Isabelle II, c’est que le négociateur espagnol ne l'avait pas voulu, qu’il ne l'avait pas cru de la dignité de son Pays. «Je me ferai couper le bras, me dit-il un jour plutôt que de signer un article qui serait, à mon avis, attentatoire à l'indépendance et à l'honneur de l'Espagne».
Je ne veux pas dire par là que Rome ne désire pas le mariage de la Reine avec le fils de don Carlos. C’est là evidemment un de ces tempéraments qui lui plaisent, parce qu'ils lui permettent de ne se jeter complètement ni d’un côté ni de l’autre. Je ne suis pas sur ce point réduit aux conjectures. Le cardinal Lambruschini m'a sans détour indiqué à deux reprises dans des causeries inofficielles les avantages que, selon lui, ce mariage aurait produits, s’il eût été possible. «Il aurait, dit-il, contribué à rallier les » Espagnols; il aurait grossi les rangs des conservateurs. Malheu>reusement un article de la Constitution s’y opposait et puis, il »comprenait bien, ajoutait-il, qu'il faudrait qu'on pût dire que, »par ce mariage, {7 n'y avait qu'un Espagnol de plus.s
(1) D'après les dires de Monseigneur di Pietro, la reconnaissance de la reine d'Espagne par la Cour de Rome était subordonnée à son mariage avec le fils de don Carlos et cette résolution aurait été concertée entre le Saint-Siège et les Cours du Nord.