Les fêtes et les chants de la révolution française

DU 9 THERMIDOR AU 18 BRUMAIRE. 3

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VII

Quant aux fètes décadaires, leur réussite, si elle se fût affirmée, aurait couronné les intentions de tous les promoteurs des fètes civiles, depuis Mirabeau jusqu'à Robespierre el Merlin de Thionville. Mais il faut avouer qu'elle fut assez médiocre : au point de vue de l'art, ces fêtes furent celles qui produisirent le moins.

Le but poursuivi par cette institution était l'établissement d'un culte moral et civique substitué aux pratiques de la religion, le décadi supprimant le dimanche, la fète laïque remplaçant la messe. Les idées politiques ou philosophiques qui présidèrent à cet effort furent en général vagues et incertaines : une assez grande liberté était laissée au peuple, dans les diverses parties du pays, pour célébrer ce culte suivant ses idées et ses tendances particulières. La secte des théophilanthropes s'elforca de lui donner un caractère de religiosité mieux définie en se mettant sous l’invocation de Dieu, l'Être suprême de Jean-Jacques Rousseau et de Robespierre. Essayons de préciser par un exemple quel fut le caractère général de ces fêtes.

Je prends, parmiles cérémonies des théophilanthropes, la fête de la Tolérance, célébrée le 15 frimaire an VII dans le temple de la Reconnaissance (Saint-Germain l'Auxerrois), dont un imprimé nous a laissé la description circonstanciée. |

La cérémonie commence par l'exécution d'un morceau d'orgue, et les assistants chantent un hymne commençant par ces mots : « Adoraleurs de l'Éternel! » Un père de famille, ayant exhorté les fidèles à recueillir leurs pensées, adresse une invocation au « Père de la