Les inconvéniens des droits féodaux

[55]

Poft-feriptum. Après ävoir relu ma lettre, je vois qu'elle laifle beaucoup de chofes à dire ; mais n'ayant pas le loifir de traiter plus longuement cette matiere, je me bornerai à ajouter quelques réflexions.

La domanialité ne vaut pas mieux à conferver que la féodalité.

On peut dire, eu égard au mauvais état des domaines , qu'ils font dans le cas des terres vaines & vagues que l'ordonnance permet d’aliéner.

Le roi tireroit plus des impôts ordinaires que fupporteroient les domaines aliénés , qu'il ne tire des revenus du fonds.

La confervation des inftitutions féodales n’eft utile ni à l’ordre public, ni au roi, ni à l’état, ni aux particuliers.

Le domaine éminent de la fouveraineté eft plus efficace que la fuzeraineté, l'autorité légiflative plus puiffante que l’autorité féodale, ë& le droit de citoyen préfente des liens plus précieux que ceux de vaffal & de feigneur ; la majefté du trône ne reçoit aucun éclat des foi & hommages, & le ferment du vaflal ne vaut pas celui de l'amour des François pour leur roi.

La féodalité contrarie la produétion des richeffes naturelles ; elle n’eft point analogue aux mœurs & aux intérêts actuels de la nation; ni la vieille opinion qui protege la féodalité , ni fon