Les pamphlets de Marat
++ LES PAMPHLETS DE MARAT
C'est à l’inconduite du Gouvernement que nous devons ces emprunts onéreux, ces expédients calamiteux, ces déprédations criminelles qui nous ont épuisés et qui nous épuisent continuellement.
C’est à l'ineptie et aux vices du Gouvernement que nous devons ce mode ruineux de percevoir les impôts, ce brigandage affreux des traitants, ces concussions, ces extorsions, ces dévastations qui ne cessent de nous dévorer.
Ah! s’il peut enfin recevoir une utile leçon, qu’il jette les yeux sur les désastres que trainent à leur suite l’orgueil, le dérèglement, et la soif ardente d’un pouvoir sans bornes ; qu'il contemple toute l'étendue de nos malheurs, les Peuples épuisés de misère, l'État sur le bord de sa ruine: qu'il veuille le bien, et qu’il le veuille sérieusement.
Comment remédier à nos maux, comment en tarir la source? Par une meilleure administration, direz-vous peut-être : mais quelle forme lui donner? En est-il quelqu'une sur laquelle on puisse faire fonds, lorsque le Prince n'est en état ni de bien choisir, ni de surveiller ses Ministres? Voyons toutefois.
Un Monarque peut remettre à un seul la conduite des affaires, et lui confier toute son autorité, comme faisaient autrefois nos Rois aux Maires du Palais, et comme fônt aujourd'hui les Sultans aux Vizirs. Mais cette forme d'administration est quelquefois fatale au Prince lui-même, et cela seul a suffi pour la proscrire. D'ailleurs, qu'on ne s’y trompe pas, elle est presque toujours funeste aux Peuples ; et pour quelques moments brillants de sagesse et de’gloire qu’ils pourraient espérer, ils ont toujours à craindre des siècles de désordres et de calamité.
Un Monarque peut partager les différentes fonctions du Gouvernement entre plusieurs ministres, comme font généralement les Princes de l’Europe. Mais c’est la forme d'administration sous laquelle nous gémissons depuis si longtemps.
Enfin, un Monarque peut confier les fonctions du Gou-