Les Préfets du Consulat et de l'Empire

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sortant qu'aux approches du crépuscule, et lon se demandait, en voyant passer leurs figures sombres et silencieuses, quellesrafales avaient pu traverser leur existence. Ce qu'évoquait alors leur solitude, c'était l'histoire rapidé des jours, l'effondrement du vieux régime, les espérances de la Révolution et le soleil de germinal; puis, les jours sanglants dont les hantait parfois le remords, les coups d'Etat, les émeutes, l'épopée de l'Empire, les milliers de conscrits enrôlés pour la mort par leur zèle oppresseur, la chute, enfin, qui, après une vie troublée par tant d’orages, leur faisait mieux sentir le désenchantement des luttes vaines et de l'idéal perdu.

Une certaine union existait cependant entre la plupart des réfugiés français. Le vote pour lequel ils se trouvaient bannis après vingt-cinq ans les rapprochaït de nouveau, sur la terre étrangère, dans une solidarité commune. [ls avaient fondé une caisse de secours dont Cambacérès était le président, Ramel de Nogaret le trésorier. Ils donnaient à leurs collègues malheureux, soit des secours, soit une petite pension que le neveu