Les Préfets du Consulat et de l'Empire

48 LES PRÉFETS

L'Empire est donc fondé, et «ces Brutus », comme les appelle Madame de Staël, ces farouches républicains qui avaient juré sur l’autel de la patrie de faire périr sous leurs coups celui qui tenterait d’usurper le pouvoir suprême, s'empressent au service de l’usurpateur et se disputent ses faveurs. Napoléon est toujours préoccupé, comme sous le Consulat, de dompter d'une part les préjugés des nobles et d’autre part les habitudes révolutionnaires des jacobins. Il est entraîné par Talleyrand au ralliement de l’ancienne aristocratie et il en est détourné par Fouché, défenseur des républicains. Tiraillé ainsi à droite et à gauche, il continue à donner satisfaction aux uns et aux autres en s’entourant d'hommes de tous les partis. Les anciens conventionnels coudoient dans les hautes charges publiques et même dans la maison impériale d'anciens émigrés et des soldats de l’armée de Condé. Il en est ainsi dans l'administration préfectorale, qui se compose pourtant en majeure partie, ainsi que nous allons le voir, d'hommes ayant joué un rôle sous la Révolution.