Les Révolution

DICTATEURS ET DICTATURES, 119 toujours impure, et c’est un poison qui s’introduit avec eux dans tout le corps de l'État. Que ces bienfaits se multiplient, ils achèveront bientôt de corrompre ce qui peut rester encore de vie publique. Le citoyen, sous un pareil régime, tend fatalement à disparaitre : l'homme seul existe; mais déjà il est atteint lui-même, et il perd à chaque instant une partie de sa force morale. Les mœurs se dépravent, les caractères s’affaiblissent ; tout s’en va, jusqu’au souvenir de la liberté, et le jour n’est pas loin où Tacite pourra dire avec tristesse : « Nous avons dégénéré jusque dans la servitude, »

Si l’on vous annonce qu'il a surgi quelque part un dictateur pour apprendre au peuple l'usage de la liberté, plaignez l'élève, maudissez le maitre; et s'il vous reste quelque force pour rire, moquez-vous à votre aise de l’impudent nouvelliste.

Il ne faut accepter une dictature, même dans les moments les plus graves, qu’à titre

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