Les Révolution

96 LES RÉVOLUTIONS.

les OEdipes de la démocratie : ils doivent vaincre le monstre, s'ils ne veulent pas être dévorés.

On peut distinguer trois espèces de démagogues. Les uns sont des fanatiques : ils aiment sincèrement-le peuple, mais d’un amour peu éclairé, et dans leur aveuglement ils se laissent emporter à toutes les extravagances. Les autres sont des ambitieux : ils inventent tous les jours de nouveaux projets pour flatter les passions et les convoitises du maître dont ils cherchent à exploiter la faveur. Il y a longtemps qu’Aristote a flétri justement ces courtisans du peuple, qui ne valent pas mieux que ceux des rois (1). Les derniers sont des traitres à la solde de quelque parti. On doit les considérer comme les plus dangereux : ils sément les défiances et les paniques, ils prodiguent les conseils perfides, ils poussent hypocritement à travers les hasards le char de la révolution pour le jeter dans quelque pré. cipice.

(1) Politique, liv. V, chap, nr.