Les Serbes : population rurale et urbaine, vie intellectuelle, religion, politique : conference faite à Lyon, le 28 Mai 1917

fond de la religion chrétienne. Elle est aussi la source de quelques vertus de notre peuple.

Depuis leur conversion au christianisme, les Serbes ont toujours fait preuve d’un dévouement absolu à Dieu. Chaque tribu de notre peuple a voulu fêter à jamais le orand jour où elle a embrassé le christianisme, et c’est là l’origine probable de la fête bien connue de slova, le patron de famille, que les autres chrétiens n'ont jamais eu, ou bien dont la trace S'est perdue depuis longtemps.

Dans tous les anciens manuscrits, dans les légendes, dans l'épopée nationale, le nom de Dieu est partout mentionné comme celui du Maître et Juge suprème. Et il est accompagné toujours des épithètes qui marquent la foi cordiale en lui tels : Dieu chéri, Dieu aimé, Dieu clément, Doux Dieu... On s'adresse à Dieu pour implorer chaque bien. On ne se révolte guère même contre le mal irréparable qui nous frappe, et on l’attribue aussi à la volonté de Dieu dont les voies sont impénétrables. « Dieu a donné, Dieu à repris », dira le paysan quand il aura sa récolte détruite par la grèle, ou quand son petit enfant est mort. Si vous demandez à un paysan : «A qui est cel enfant? » il vous dira : « Il est à Dieu, et puis à moi », si vous lui demandez : « À qui est cetle maison? » il vous répondra : « À Dieu ef à moi », dans le cas où l'enfant ou la maison serait à lui. « Et moi, je veux et mon cheval peut, mais Dieu ne le veut pas », dit avec résignation un cavalier du chant populaire. « On ne peut rien ravir à Dieu ».

La mort même est acceptée avec une calme résignation, comme sa Volonté. C’est ce qui explique, en partie, le courage de nos simples soldats à regarder la mort en face, et aussi cette sérénité relative avec laquelle nous supportons la terrible catastrophe présente de notre peuple et de notre État.

IL est intéressant de constater que les deux dates déci-

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