Lettres et mémoires

(47)

des places inamovibles , &c l'ambition s’y livre fans retenue à tous les excès. Il faut de l’a&tivité & de la modération pour fe maintenir dans celles qui ont pour bazes l’eftime & laffe&ion générale ; & le contraire füt-il vrai, il vaudroïit mieux encore être gouverné par des Magiftrats foibles , que par des Defpotes inflexibles & fuperbes.

Le premier befoin d'un Mapiftrat integre eft l'Indépendance. Cela eft vrai; mais le premier befoin d’un Gouvernement libre eft de main tenir tous les Ordres de l'Etat dans une dépendance réciproque, pour rendre la Loi {eule indépendante de chacun d'eux; & c’eft ce qui arrivera pas, fi le Corps qui eft appellé à la formation des Loix & à leur exécution, de= vient inacceflible à lanimadverfion du Peuple. D'ailleurs, ne voit-on pas qu’en étant dépendant du feul Confeil-Général, le Confeil des Vingt-Cinq left indifféremment du Pauvre & du Riche, du Citosen & de ?Eranger ; & que ce dernier, fur-tout, trouve dans la dépendance publique le plus grand frein de toute dépendance particuliere. D’ailleurs , le caraûtere réfléchi du Peuple Genevois , fufroit feul pour faire tomber une accüfation fi peu vrafémblable | & cela répond aux reproches que pourroïent faire les