Lettres et mémoires

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82 fa couronne, & s’emparerent du fceptre & des pouvoirs ; cependant 1l reftoit encore au Confeil-Général, la faculté illimitée, de donner fa confiance aux moins ambitieux &c aux, plus gens de bien , par le droit de refufer d’élire. Ce Peuple qu'on repréfente fi remuant, laïffa rouiller cette derniere arme par la défuétude, & à force de choiïfir fes premiers Magifirats dans les Confeils, il les laïfla fe perfuader qu’ils ne pouvoient plus être choifis ailleurs.

. Réveillés de cette dangereufe léthargie, par des jugemens arbitraires , par des emprifonnemens clandeftins, & par l’extenfon alarmante , que les Confeils prétendoient donner au Droit Négatif; les Citoyens fentirent en1765, le befoin de faire ufage de leur Droit de refufer d’élire, mais on leur contefla ce dernier refte de leurs anciennes pofleffions. Enfin , dans lapacification de 1768 , on tranfigea fur les éleétions ; les Citoyens furent aftreints à ne les faire que dans les Meinbres aftuels du Confeil des Vingt-Cinq & des Deux-Cents ; & cette belle & précieufe prérogative d’anéantir ces deux Corps, fut commuée en un Droit, qui n'étoit qu'une ‘foible conféquence du Droit cédé, celui de deftituer annuellement quatre Membres du

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