Lettres et mémoires

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Royale doiveñt être les appuis d’une Conftitution telle que la nôtre, où la pluralité a la principale influence. Les Roïs veulent, par deffus tout, le contentement de leurs peuples : à Geneve, le Peuple veut être content de fes Magiftrats. On voit que lobjet de ces deux Conftitutions eft le même, c’eft-à-dire, que le plus grand nombre foit heureux.

Pour brifer des liens auffi naturels, on a cherché, Monfieur, à vous repréfenter notre Gouvernement tendant à l’Anarchie , & nos Citoyens défirant une Démocratie extrême; accufation tellement incompatible avec nos mœurs aétuelles , que tout en démontre l’ab< furdité.

La pure Démocratie pouvoit être un régime falubre pour les Genevois, tant qu’ils ne formerent qu'une fociété d'agriculteurs & de foldats, uniquement occupés de leur défenfe; mais il ne pouvoit plus convenir à une fociété tranquille, induftrieufe & commerçante , & il fallut le tempérer , quand la paix, cimentée au - dehors, nous eut forcés à chercher dans notre aéivité les reflources que nous refufoit notre local. Les richefles & linftrudion publique furent les fruits de ce développement d'induftrie, & lon en vit bientôt réfulter , au milieu de nous, les talens de l’ambition &t' les vertus de légalité,