Livre d'or des officiers français de 1789 à 1815 : d'après leurs mémoires et souvenirs

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ville et de le faire pendre à l'instant à la potence qui se trouvait disponible. Cet acte ne devait pas être le dernier. (Général THréBauLT, Mémoires, t. IV, p. 404.)

Le général Dorsenne ne tarda pas à me révéler que comme homme il était digne de ce qu'il était comme chef militaire. Il me demanda un travail général sur la situation des Castilles; je le lui portai signé de moi.

À quinze jours de là, j'étais dans son cabinet; il se mit à me lire des lettres, lorsqu'une inconcevable distraction lui fit commencer la lecture d’une lettre du prince de Neuchatel débutant ainsi : « L'Empereur a été si content du travail que vous avez fait sur les ressources de la Vieille-Castille qu'il l’a porté au Conseil d'Etat, où il l’a fait discuter en son... » Et seulement à ce moment il se rappelle que le travail est de moi, qu’il m'a déclaré l'avoir fait partir avec mon nom, etc. etc... Jamais homme ne fut plus décontenancé; il balbutia quelques mots, très maladroitement destinés à me donner le change, referma sa liasse comme il put, tâcha de parler d'autre chose, et quoique mon impassibilité dût l'aider à se remettre, il avait encore la fgure décomposée quand je le quittai.

(Général TaréBauLT, Mémoires, t. IV, p. 408.)

Le Général DROUOT

Plusieurs officiers sous les ordres de Drouot... l’accu-

7 saient d’affecter une grande sobriété et de manger seul, en cachette, les provisions secrètes qu’il avait en abondance; enfin ils en faisaient un égoïste, un tartufe militaire dévoré d’ambition et sacrifiant tout pour se faire valoir et avancer.

(Colonel Prox pes LocHEes, Mes Campagnes, p. 318.)

Le général Sorbier lui dit un jour en présence de plusieurs officiers qu'il n’était qu'un hypocrite et un homme cherchant à se faire valoir. Le général n’aimait pas les fanfarons. Souvent il avait envoyé Drouot sur les derrières chercher du canon qu'il lui reprochait d’avoir