Livre d'or des officiers français de 1789 à 1815 : d'après leurs mémoires et souvenirs

PU

rire l'Empereur, qui, se bornant à tirer assez fortement la moustache de Lassalle, ordonna au maréchal Duroc de lui donner encore 200,000 francs.

(Général MarBoT, Mémoires, t. II, p. 265.)

Lassalle.., buveur, libertin, joueur, tapageur et farceur, avait fondé à Salamanque la société des «Altérés », association dans laquelle il n’était jamais permis de dire que l’on n’avait pas soif; je ne sais plus combien d’enragés la composaient, mais ce qu’il y a de certain, c'est qu'en moins d’un mois ils eurent bu tout ce qui existait de vins étrangers à Salamanque.

C’est encore lui qui, rentrant en France quelques mois après avec son régiment et se croisant dans je ne sais quelle ville avec un autre régiment de hussards, donna aux deux corps d’ofliciers un dîner pour lequel il avait fait mettre sur la table, et en ‘guise de surtout, deux pièces de vin de Bourgogne entourées de robinets, pièces qu'il fallut mettre à sec avant d’en venir aux vins fins.

(Général THréBaAULT, Mémoires, t. III, p. 230.)

Le Lieutenant-Général

Marquis de LATOUR-MAUBOURG

Le lieutenant-général marquis .de Latour-Maubourg se trouva, je ne saurais plus dire l'époque, à un repas où se firent les mêmes extravagances (1). Impassible tant qu'avait duré la scène de destruction, il se leva au moment où ses enragés convives n’eurent plus rien à briser, monta sur la table sans dire un mot, grimpa dans un lustre auquel personne n'avait pens, et s'étant mis à califourchon sur la partie la plus élevée, coupa la corde à laquelle était suspendu ce lustre dont il suivit la chute en plein milieu de la table. Après quoi il se

() Dîner pendant lequel les verres, les carafes, bouteilles, assiettes et plats furent jetés par la fenêtre ou brisés sur place après chaque service.