Lord Castlereagh et la politique extérieur de l'Angleterre de 1812 à 1822
IE.
LA DIPLOMATIE, LES GÉNÉRAUX DE L'ALLIANCE ET LA SECONDE RESTAURATION.
L
Au mois de mai 4814, la paix était rétablie en Europe; mais l’Angleterre restait en guerre avec les États-Unis. Le gouvernement britannique crut d’abord que, débarrassé de la France, il viendrait facilement à bout de cet autre adversaire, dont il n’avait pas encore eu l’occasion de mesurer les forces toujours croissantes. Bien décidé à ne lui rien accorder sur les principes du droit maritime, qui avaient été la seule cause de la rupture, il se persuada qu’il pourrait lui arracher des cessions territoriales. Pour appuyer de telles exigences, une partie des vieilles troupes qui s’étaient acquis tant de gloire dans les campagnes de la Péninsule avait été envoyée au-delà des mers, il fut même question d’y envoyer aussi leur illustre chef. Grâce à l’énergique résistance de la jeune république, des conseils plus modérés finirent par prévaloir, et le traité de Gand, conclu en janvier 4815 sous la médiation du nouveau souverain des Pays-Bas, mit fin aux hostilités, sans imposer à aucune des deux parties belligérantes la moindre concession.
Bien que le traité de Paris eût établi quelques-unes des bases principales de l’organisation future de l’Europe, il laissait encore bien des choses à décider : le dernier article portait que, dans le délai de deux mois, toutes les puissances enverraient des plénipotentiaires à Vienne pour prendre, dans un congrès général, les arrangemens qui devaient en compléter les stipulations. Ce délai, qui fut ensuite prolongé, était indispensable aux souverains et aux ministres, entrainés depuis si longtemps dans le tourbillon de la terrible guerre qui venait de finir, pour revoir leur pays, y remettre en activité la machine du gouvernement, et se préparer par de mûres délibérations aux négociations importantes qui allaient s'ouvrir.