Louis XVI et la Révolution

312 LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION.

pendant quatre jours par son grand-père Louis XV. Pendant très longtemps, il avait l'habitude de cracher dans sa main, trouvant cela plus commode. Il n’est pas étonnant qu’une pareille brute soit un jour détrônée. » De pareils propos, plus que légers, montrent le discrédit profond où était tombé Louis XVI après son échec de Varennes. Il ne dirige plus rien, ni son royaume, ni lui-même : ce n’est plus qu’une épave ballottée d'ici, de là, jusqu’à l’engloutissement final.

Ni son intelligence, ni son caractère n’ont été à la hauteur d’une situation qu'il n’avait pas seul préparée, mais qu’il. n'avait pas eu l'énergie d'améliorer à temps. Énumérant les principales causes de la chute de l’ancien régime, le comte de Lally-Tollendal écrit ceci : « Le caractère de l’infortuné Louis XVI, le désaccord qui s’est trouvé entre le genre de ses vertus et le besoin des circonstances, ont eu évidemment une si grande part dans le triomphe de la Révolution, que je dois peut-être les présenter ici comme une quatrième cause principale. » Il est donc fâcheux pour sa gloire, et peut-être même pour le bonheur de la France, qu'il n’ait pas disparu, d’une mort naturelle, en 1789, après l'inauguration des états généraux. L’histoire n'aurait pu voir en lui qu’un prince faible, mais animé de bonnes intentions, tandis que de 1789 à 1793 elle ne peut le juger que comme un homme impuissant, mais malveillant. Il est difficile de partager l’indulgence de Mignet, qui termine son jugement sur Louis XVI en oraison funèbre, en panégyrique : « Il y a peu de mémoires de Roi aussi recommandables. L'histoire dira de lui qu'avec un peu plus de force d'âme, il eût été un roi unique. » On éprouve quelque gêne à se montrer sévère, ou même simplement juste, pour un homme qui à expié de son sang ses fautes, celles de son prédécesseur, celles de son entourage. Louis Blanc lui-même hésite un instant devant le procès de Louis XVI, et surtout devant sa condamnation. Plus résolu, Michelet, qui à consacré à cette fin quelques-unes de ses plus belles pages, et des plus vraies,