Marat inconnu : l' homme privé, le médecin, le savant : d'après des documents nouveaux et inédits

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rage. Le grand roi lui-même n'a-t-il pas élé dupe de ses courtisans, quand il donnait les plus fortes pensions à des nullités, telles que Cottin, Pradon, Chapelain ; méconnaissant volontairement Corneille, Racine, Boileau, les plus beaux fleurons de sa couronne.

Et Marat ajoute avec un sens critique indiscutable : « Il y a longtemps que nous n'avons plus Montesquieu, nous venons de perdre Rousseau ; Buffon nous échappe. Et que nous reste-t-il aujourd'hui pour remplacer Molière, Racine, La Fontaine, Boileau, Fénelon? Un Marmontel, un Lemierre, un Garat, un Beaumarchais. »

A part Beaumarchais, ce n'était pas trop mal juger, et il y a beaux jours que nous avons relégué aux vieux papiers les fastidieuses élucubrations de l'auteur des Incas ou des Saisons.

Ce n'est pas seulement sur les gens de lettres que Marat nous donne son opinion. C'est surtout à l'Académie des Sciences et aux membres qui la composent qu'il a réservé ses traits les plus acérés.

Cette Académie « s’est assemblée 11,409 fois ; elle a publié 380 éloges, et elle a donné 3,956 approbations, tant sur de nouvelles recettes de fards, de pommades pour les cheveux, d'emplâtres pour les cors, d'onguents pour les punaises, que sur la forme la plus avantageuse des

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