Marat inconnu : l' homme privé, le médecin, le savant : d'après des documents nouveaux et inédits

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avoue avec une ingénue fatuité qu'on lui décerna spontanément le titre de médecin des incurables.

Sans doute il à exercé son art avec quelque bonheur, si nous en croyons les lettres que nous avons ailleurs relatées (1), mais comme il se targue volontiers de son savoir et de ses falents!

Ne va-t-il pas jusqu’à déclarer (2) que « ses succès avaient fait ombrage aux médecins de la Faculté qui calcutaient avec douleur la grandeur de ses gains? » Mais alors que deviennent cette pauvreté tant vantée, cette austérité de mœurs, ce désintéressement, cette philantropie dont il faisait étalage ?

Évidemment, tout à son idée fixe, il en arrive à se calomnier lui-même. Comment expliquer, sans cela, que ses confrères « aient tenu des assemblées fréquentes pour aviser aux moyens les plus efficaces de le diffamer ? » Cette quantité de lettres anonymes, qu’ils envoient à ses malades pour les alarmer sur son compte, où les prend-il ailleurs que dans son imagination? et cette imagination, on le sait, s’exaltait facilement! Quand paraissent ses Découveries sur le Few, grand émoi dans le camp académique... La curiosité qu'y excite la vue du fluide igné est extrème. Le rapport de l'Académie « malgré

(1) V. les documents justificatifs ne IV, V et VI. (2) Lettre de Marat à Roume, p. 18.