Marat inconnu : l' homme privé, le médecin, le savant : d'après des documents nouveaux et inédits

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de l'idole fut subit, s’il ne fut jamais officiellement reconnu, il n’en dura pas moins plus de quatorze mois, avec des alternatives et des fortunes diverses.

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Les bustes, les portraits faits à cette occasion furent innombrables. Je n’essaierai pas de les compter, a dit Bachelin (1); on en prend une. idée en les voyant, par la variété de leurs formes, servir à pavoiser les trophées publics, à tapisser les salons, les mansardes et les boutiques, à orner les cheminées, à parer les boutonnières, à servir de sinets aux livres, à briller même en bijoux au cou des femmes, insignes de civisme, images protectrices et amulettes de dévotion à la République. Chacun voulait, dans la mesure de ses forces, sacrifier au culte universel. Certains en profitaient pour glisser une réclame, ainsi qu'en témoigne cette curieuse annonce, extraite du Moniteur (2) : « Je vous prie d’annoncer dans votre feuille que le citoyen Couri-:

(1) Iconographie de l'Ami du Peuple, p. 5. Le graveur allemand Copia popularisa, par l'interprétation la plus fidèle, le Marat et le Lepelletier de David. Il y eut même un éventail à la Marat, imprimé grossièrement sur papier, et offrant dans deux médaillons les bustes de Marat et de Lepelletier, séparés par la statue de la Liberté. (V. Spire Blondel, loc. cit. p. 226.)

(2) Moniteur universel, 29 août 1793,