Marat inconnu : l' homme privé, le médecin, le savant : d'après des documents nouveaux et inédits
MARAT INCONNU 51
Emile, au lieu de citer Boerhave et Hippocrate.
» Mais c’est ainsi qu'on écrit trop souvent de nos jours : on confond tous les genres ettous les styles; on affecte d’être ampoulé dans une dissertation physique, et de parler de médecine en épigrammes. Chacun fait ses efforts pour surprendre ses lecteurs. On voit partout Arlequin qui fait la cabriole pour égayer le parterre. »
Voilà bien le mot de la fin d’un pamphlétaire trop heureusement servi par son esprit naturel pour rester impartial!
Voltaire avait voulu venger Helvétius, et sa prose acerbe s’en ressentait. Il avait oublié que pour exercer la critique, ce sacerdoce, il fallait, avec une instruction solide, une conscience sûre, étrangère à toute sollicitation intéressée, une loyale équité, une franchise sans faiblesse comme sans prévention. Ses réflexions n'étaient que de misérables plaisanteries, et non une réfutation sérieuse.
Aussi, quand, seize ans plus tard, C. Desmoulins rappelait à Marat, dans un moment d'humeur, la lecon à lui donnée par le chambellan de Frédéric, l'Ami du peuple pouvait-il lui répondre justement: « Vous me rappelez que Voltaire s'est moqué de moi... Je me souviens, en effet, qu’en 1776 le marquis de Ferney, piqué de se voir mis à sa is dans mon ouvrage