Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

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mieux. Les vents sont toujours contraires et l’on ne sait quand nous pourrons partir — à notre grand désespoir. Avant-hier dans la nuit, le vent a tourné, et vers trois heures du matin, on nous fit signal de lever l’ancre, mais bientôt le vent devint de nouveau contraire et il a fallu encore attendre. Nous appareillerons dès qu'il sera favorable, et j'attends ce moment avec impatience. Adieu, ma meilleure amie. Un frère qui vous adore. »

Enfin l’escadre met à la voile et cingle vers l’Amérique. Pendant trois ans Fersen reste au delà des mers. De partout et durant toute la campagne, il écrit à sa sœur des lettres tendres et gentilles toujours. Il lui parle peu des événements de la guerre; c’est un sujet réservé aux lettres qu'il adresse à son père; mais il lui conte ses plaisirs et ses ennuis.

Newport, ce 8 septembre 1780.

« Je ne puis vous dire, ma chère amie, tout le plaisir que j'ai à vous écrire et à vous assurer de l'amitié la plus vive et la plus constante, que l’éloignement ne fait qu'augmenter. Les occasions de vous écrire sont si rares que je les saisis avec avidité, et je m'en fais une vraie jouissance. J'espère que vous avez reçu les lettres que je vous ai déjà écrites d'ici.