Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance
FERSEN ET BARNAVE 19
Newport, ce 43 novembre 1780.
« Rien de nouveau, ma chère amie, depuis ma dernière du 46 octobre. Les troupes sont en quartier d'hiver dans la ville depuis le 1° de ce mois, et nous allons rester tranquillement ici, ce dont je suis bien fâché. Plusieurs colonels ont eu la permission d'aller voyager dans le pays; dès qu’ils seront revenus, je compte en faire autant. J'espère que ce sera en vaisseau de guerre.
» Le froid est très fort ici, et le trainage aussi bon qu'en Suède; nous avons déjà eu d'assez fortes gelées, et de la neige d’un pied de haut. Ce pays me rappelle la Suède et ce souvenir m’enchante. Je me porte fort bien et je suis content. C'est tout ce que l’on peut désirer. Notre triumvirat vient d’être réduit à un duumoirat. Le duc de Lauzun a été envoyé avec les hussards à vingt-neuf lieues d’iei et doit y rester en quartier tout l'hiver. Il ne reste plus ici que Sheldon et moi. J’en suis fâché, car j'aime le duc de tout mon cœur. Adieu, chère amie, aimez-moi comme je vous aime.» î
Newport, 7 décembre 1780.
_« Enfin, voici encore une occasion de m'entretenir avec vous, ma chère amie. C’est un des plus grands plaisirs que je puisse avoir. Il y a bien longtemps que je suis privé de celui de recevoir de vos nou-