Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance
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graves qui s’y annoncent. Fersen arrive à la veille des événements révolutionnaires. Dès lors il ne quitte presque plus la Cour. Il lui faut bien de temps à autre se rendre à Valenciennes pour le service du régiment dont il est colonel propriétaire, mais il revient promptement à Versailles.
Ses lettres à son père et au Roi nous montrent qu'il jugeait la gravité de la situation et prévoyait déjà tous les dangers qui menagçaient la royauté en France.
Le 1° février 1790 il écrit de Versailles à son père:
« Dans quelle affreuse situation est ce beau royaume, sans force à l’intérieur et sans considération à l'extérieur. Il est nul dans le système de l’Europe et il est dans une complète anarchie. Tous les liens sont dissous ; il n’y a plus d’obéissance aux lois ni de respect pour la religion, dont il n'existe plus que le nom. On a appris au peuple à sentir sa force et il en use avec férocité. La noblesse, le clergé et les parlements, qui ont donné les premiers l'exemple de la désobéissance et de la résistance, en sont les premières victimes. Ils sont en fuite et leurs châteaux brûlés. »
Fersen se trouvait auprès de son régiment à Valenciennes lorsqu’eut lieu à Paris la prise de la Bastille, dont il décrit les péripéties dans une lettre émue à son père. Elle l’obligea de rentrer en toute hâte à Paris. Il était à Versailles le 5 octobre, quand la foule est venue y chercher la famille royale. Le 6 octobre