Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

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j'entends partout son éloge. Vous ne sauriez croire combien je suis sensible à l'amitié qu'elle a pour moi. »

Dans la situation de plus en plus critique où se trouvaient Louis XVI et Marie-Antoinette, Fersen. devient leur factotum. Il est leur intermédiaire auprès des personnes qui leur demeurent fidèles et qui ne peuvent ou n’osent plus les approcher. Il chiffre et expédie leurs lettres; déchiffre les dépêches qui leur arrivent. On retrouve des brouillons de lettres écrites par lui portant des annotations, des modifications de la main de la Reine. « Ma position, écrit-il à son père le 5 novembre 1790, est différente de celle de tout le monde. J’ai toujours été traité avec bonté et distinction dans ce pays, par les ministres, aussi bien que par le Roi et la Reine. J'y ai contracté une dette de reconnaissance. Je suis attaché au Roi et à la Reine pour la manière pleine de bonté dont ils m'ont toujours traité lorsqu'ils le pouvaient, et je serais vil et ingrat si je les abandonnaiïis quand ils ne peuvent plus rien faire pour moi et que j'ai l'espoir de pouvoir leur être utile. À toutes les bontés dontils m'ont comblé, ils viennent d’ajouter encore une distinction flatteuse, celle de la confiance. Elle est d’autant plus flatteuse qu’elle est concentrée entre trois ou quatre personnes dont je suis le plus jeune. »

Et de ces trois ou quatre personnes, il était le seul à Paris, le seul pouvant approcher librement le Roi et

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