Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance
FERSEN ET BARNAVE 39
« Je trouve la lettre pour M. de Mercy très bien, mais la difficulté existe de la lui faire tenir. Je me suis déclaré, et tout le monde sait que je n’écris à personne du tout, pas même à mes parents. L’étonnement sera grand si j'envoie tout à coup une lettre, soit par M. de Mont, soit par la poste. A coup sür, elle sera lue. Le faut-il? C'est aux personnes qui donnent ce conseil à en juger... Le porteur entrera dans plus de détails sur M. de Mercy. Cela serait trop long à écrire. »
Fersen était chargé d'expliquer « à ceux qui donnaient ce conseil » qu'une grande difficulté pour le retour de M. de Mercy à Paris serait l’équivoque de sa position et de ses rapports avec les nouveaux gouvernants, € qui montrent si peu d’égards pour les représentants étrangers ». Pourtant elle sentait la nécessité de recourir à la protection de l'Empereur son frère. Elle voulait lui faire parvenir une lettre ou un mémoire. Elle écrit à Fersen :
« Je n'ai qu’un moment à moi. Vous pouvez dire que je serais bien aise qu'on m’envoyât un mémoire ou projet de lettre pour l'Empereur. Vous leur rappellerez en mème temps le peu de moyens que j'ai, tant pour écrire que pour persuader mon frère, la confiance n'ayant jamais existé entre nous.
» Je reconnais très bien la difficulté qu'il y a d’éta-
1. Montmorin, ministre des Affaires étrangères.