Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)

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du général et une lettre du commissaire du gouvernement qui constataient le repentir de ces malheureux. Le général en chef Dumouriez et le représentant du peuple leur avaient accordé leur pardon. Je fis quelques difficultés à les recevoir; mais, sur la promesse que l'officier me fit, au nom de sa clique, que je n'aurais désormais rien à leur reprocher, je me laissai fléchir, et je me. promis d'oublier leur faute, à condition qu'ils s'engageraient par serment à devenir en tout l'exemple du bataillon. Je fis done rassembler le bataillon, et, après le serment prêté, je les fis entrer dans les rangs. Je fis ensuite jeter à l’eau toutes les poudres et les boulets qu'on n'avait pu faire transporter, et, vers les cinq heures du soir, nous évacuàmes Gand pour nous rendre à Bruges où nous arrivâmes le lendemain à huit heures du matin.

Dans la marche de nuit, nous eûmes une petite alerte à peu de distance d’un village que nous venions de traverser. Je faisais l’arrière-garde de la colonne avec mon bataillon, une compagnie de canonniers et deux pièces de canon, lorsqu'on entendit plusieurs coups de fusil et des cris : À moi! Sur-le-champ je piquai des deux, et me dirigeai seul vers quelqu'un que j'apercevais dans un champ de pommes de terre ; tout à coup mon cheval fit la culbute, et je roulai dessous ; mon pistolet, partant au même moment, perça la coiffe de mon chapeau, et me blessa au-dessus de l'oreille. Au bout de plusieurs minutes que je revins à moi, je me relevai, et, trouvant mon cheval dèbout à côté, je le remontai et rejoignis la colonne. Je sus alors que c’étaient des pillards qui, en passant dans le village, avaient obligé les paysans à les chasser.

À notre arrivée à Bruges, nous fûmes assez surpris de trouver aux quatre coins de la ville quatre pièces de