Mémoires politiques et militaires du général Doppet, contenant des notices intéreffantes and impartiales sur la révolution française, etc.
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je me liai avec les plus zélés défenfeurs de la chofe publique , pour profiter de leurs lumieres. Je fus admis dans une fociété de patriotes qui portaient alors le nom d'amis de La conflitution. Je ne parlerai point , dans ce chapitre , des travaux ni des erreurs de ces fociétés ; j'en parlerai plus Pas ,en racontant mes événemens de Paris.
Je paflai plufieurs mois dans Grenoble à minf truire & à propager les principes de liberté & d'égalité. La fociété populaire fit imprimer plufieurs Ce mes difcours ; ces difcours étaient chauds fans doute, mais ils n’étaient pas des catéchifmes dafnarchie.
$: 14. Il y a des circonftances où l’on voit bien à découvert les intentions de l’homme révolutionnaire; c’eft dans ces momens d’effervefcence ou de tumulte , qui laiflent le fuccès ou le malheur des événemens dans Féloquence bien ou mal dirigée de quelques chauds patriotes. J'en eus un frappant exemple à Grenoble lors de la nouvelle de la fuite du roi, c’eft -à- dire j de fon départ pour Varennes. Je vis à cette époque un heureux effet de l'influence de la focicté populaire, & je me féliciterai toujours d’ÿ avoir contribué pour ma part.
À l'arrivée du courier qui annonçait le départ du roi, la fociété fut convoquée de fuite : les autorités civiles & militaires s’y rendirent. On craignait pour {a tranquillité publique : cette circonftance , excitant des foupçens , pouvait armer Îles amis de la confäitution contre fes ennemis; les patriotes pouvaient voir dans tous les ariflocrates des complices de la fuite du roi: