Mémoires sur la Révolution française

200 MÉMOIRES DE MADAME ELLIOTT

sailles. Tous, excepté moi, furent menés à la Conciergerie; pour moi, on me déposa à la Grue de Plessis, une horrible prison, mais où il ne se trouva pas de place. On m’envoya donc le lendemain aux Carmes de la rue de Vaugirard, prison fameuse par Aes horribles massacres commis sur de pauvres vieux prêtres et l'excellent et respectable évêque d'Arras.

Je dois ajouter que dans notre trajet de Versailles à Paris la population de Sèvres furieuse nous couvrit, à travers les barreaux de notre charrette, de boue, de chats morts et de vieilles savates, en nous appelant chiens d’aristocrates. En somme, nous fûmes affreusement maltraités en chemin.

Je regrettais beaucoup d’avoir quitté les Récollets; au moins l'air y était meilleur qu'à Paris, et on y rouvait une foule de très-braves gens, tels que de pauvres fermiers et de vieux laboureurs qui n’avaient pu s'habituer à la République, et qui dans leurs villages

avaient exprimé trop franchement leur antipathic