Mémoires sur la Révolution française

MADAME DE BEAUHARNAIS 203

&iéélevés ensemble; notre sort était le même, car nous altendions à tout moment notre arrêt de mort. C’é{aient de charmantes femmes qui supportaient leurs infortunes avec courage et bonne humeur.

Beaucoup de prisonniers, comme moi-même, n’avaient guère l'espérance de quitter la prison des Carmes que pour l'échafaud, et pourtant, malgré cette désolante perspective, je dois avouer que j'ai passé quelques moments délicieux avec ces aimables femmes, toutes pleines de talents, maïs surtout avec madame de Beauharnais. C'est une des femmes les plus accomplies et les plus aimables que j'aie jamais rencontrées. Les seules pelites discussions que nous avions ensemble roulaient sur la politique ; elle était ce qu'on appelait constitutionnelle au commencement de la Révolution, mais elle n’était pas le moins du monde Jacobine, car personne n’a plus souffert qu’elle du règne de la Terreur et de Ro-

bespierre.