Mémoires sur Naigeon et accessoirement sur Sylvain Maréchal et Dalalande : lu à l'Académie des sciences morales et politiques

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pages, Lagrange, le précepteur de ses enfants, qui y mettait aussi la main, et Naigeon enfin, qui les revoyait, les retouchait, les rendait plus conséquents, et s'il le jugeait nécessaire, les afhéisait, comme on l’a dit. Après quoi il se chargeait encore du soin de les faire copier, imprimer et distribuer, sans que d'Holbach eût à s'en occuper et souvent même à le savoir.

Or, c'était là chez lui plus que la facile complaisance d'un familier prêt à tout, c'était une véritable et dévouée collaboration ; c'était le même dessein et le même zèle que l’auteur, c'était la même foi, si l'on peut se servir de cette expression, en parlant de cet imperturbable et infatigable athéisme qu'ils professaient en commun, et dont Naigeon rendait témoignage par ces obscurs travaux et ces offices sans éclat, de même que le baron par ses incessantes et hâtives productions.

Mais Naigeon, qui était fort laborieux, ne se bornait pas à l'emploi qu'il avait auprès du baron et qui était d’ailleurs tout bénévole ; il était aussi, pour son compte, éditeur et auteur, et à l'un comme à l’autre de ces titres, il servait également la cause à laquelle il s'était voué.

En effet même au premier, il paraît par le choix des écrits d'autrui, qu'il publia, dans quelle pensée il les publia. J'en prendrai quelques exemples dans un recueil, qu'on lui doit : le Recueil philosophique, ou mélange de pièces sur la religion et la morale par différents auteurs (Londres 1710). Tout n'y est pas sans doute l'expression exacte de ses propres opinions, et il s’y trouve tels morceaux empreints d’un certain caractère de déisme, qu'il n'eût certainement pas avoués pour siens. Mais quant à la plupart des