Mémoires sur Naigeon et accessoirement sur Sylvain Maréchal et Dalalande : lu à l'Académie des sciences morales et politiques
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, grave, parce qu'elle est plus générale, de lui accorder relativement une importance philosophique, à laquelle de luimême il n'aurait pas droit.
_ S'il était vrai, en effet, que soit chez nous, soit au dehors et principalement outre-Rhin, on renouvelât, dans ce qu'elles ont de plus révoltant, les doctrines d'une école, dont Naigeon a été, au dernier siècle, un des plus actifs et des plus persévérants représentants, il ne serait peut-être pas inutile ‘de se servir de lui comme d'un exemple, pour montrer qu'il n’est pas une de ces témérités, de ces énormités, auxquelles se sont portés les nouveauxvenus , que leurs devanciers n’aient osées, et que, dans leurs plus folles tentatives, ils ne font que reprendre en sousœuvre et sans grand mérité d'innovation, une entreprise accomplie et comme poussée à bout avant eux : ce qui leur ôte au moins l'avantage de l'invention, et avec cet avantage, le fâcheux attrait qu'ils pourraient avoir auprès d'ésprits imprudents, inexpérimentés, curieux avant tout de nouveautés, et toujours prêts à s’y laisser gagner. Naïgeon tout médiocre et tout en sous-ordre qu'il soit, va si loin en son sens et avec une si extrème conséquence, qu'il ne laisse guère après lui place à de plus audacieux , et que, dans son athéisme à outrance, 1l dépasse sans fléchir, tout ce qui aété professé de plus déclaré en cette matière ; or c'est certainement là un motif pour justifier et faire accepter, quelque répugnance qu'on y ait, une étude, d’ailleurs amenée avec une sorte de nécessité par toute cette suite de travaux auxquels je me suis livré sur l’histoire de la philosophie au xvm siècle.
Je vais donc parler de Naigeon, assez peu de sa vie qui est obscure et peu connue, davantage de ses opinions qui