Mémoires sur Naigeon et accessoirement sur Sylvain Maréchal et Dalalande : lu à l'Académie des sciences morales et politiques
de la victoire (allusion à des expressions dont s'était servi le général Bonaparte ; on y reviendra dans le corps du Dictionnaire), nous saurons réduire ces brillantes prosopopées à leur juste valeur. — Dieu doit l'existence à un malentendu ; il n'existe que par le charme des paroles; la connaissance des choses le tue et l'anéantit. Un Dieu corporel répugne au bon sens ; un Dieu abstrait ne laisse aucune prise sur lui, et pourtant Dieu ne saurait être qu'abstrait ou matériel ; Dieu est le tout ou n’est rien; or si le tout est Dieu , Dieu perd sa divinité; d'autre part réduit à sa spiritualité, il n’a plus d'existence que dans la pensée de l'homme» ..... « Ceux qui en parlent, dit ailleurs l'auteur, sont tous des Spinosistes ou des don Quichottes. »
Ainsi au fond point de Dieu et à quoi bon? « Un législateur tout moderne (c'est Prieur de la Côte-d'Or qu'il désigne ainsi) a bien osé dire dans un moment de familiarité , rapporte-t-il, qu'aux trois quarts et demi des hommes , il ne faut administrer que de l'opium ; que ce propos dissipe votre long assoupissement! il n’est que trop vrai, jusqu'à ce jour on n’a gouverné les hommes, qu’en leur administrant de lourds soporifiques religieux et autres.» … «Laissez donc Dieu ; Dieu n’est pas à votre usage, un Dieu ne convient pas à l'humanité. ». . . « Qu'il soit proclamé le bienfaiteur de l'espèce humaine, ce sage législateur, qui trouvera le moyen d'effacer du cerveau des hommes le mot de Dieu , talisman sinistre qui a fait commettre tant de crimes et causé tant de meurtres. »
C'est par ce vœu et cette conclusion que se termine ce Discours préliminaire. L'auteur n’y ajoute du moins que quelques mots d'avertissement sur la manière dont son Dic-