Musique exécutée aux fêtes nationales de la Révolution française : chant, choeurs et orchestre
72 FÊTES DE L'AN VI A L'AN X (1797-1801).
Plus considérable est l'hymne à la Victoire du mème auteur (p. 102), sans que sa valeur soit en proportion. Certes, on y trouve toujours les qualités de facture du vieux maître, mais l'inspiration n’est pas des meilleures et n'offre rien de saillant après ce que nous avons vu déjà. C’est peut-être la raison pour laquelle ce chœur n'a jamais été publié autrement que pour voix seule (n° 52 des Chansons et romances civiques). Comme du précédent, le Conservatoire possède les parties séparées manuscrites et la partition autographe. Mentionnons comme additions à l’orchestration conçue selon le procédé habituel, la fuba corva en ut et le buccin en fa. Nous n’avons pas trouvé trace d'exécution postérieure.
Pendant plus d'une année encore, l’armée de Bonaparte marcha de succès en succès Jusqu'à la réduction de l'Italie, et en dernier lieu de l'Autriche, définitivement consommée par le traité de CampoFormio (17 oct. 1797). Dans l'intervalle, il avait été plusieurs fois question de célébrer quelques-unes des gloricuses journées où triomphèrent nos soldats, mais on se contenta de décréter à diverses reprises que l’armée continuait à bien mériter de la patrie, et c’estseulement lorsque le général Bonaparte vint à Paris remettre au Directoire l'original du traité de paix, qu'eurent lieu de nouvelles manifestations. Bien qu’elles se soient plus particulièrement adressées au « pacificateur du continent », l'armée s’y trouva néanmoins associée en la personne de son valeureux chef.
C'est le 20 frimaire an VI (10 déc. 1797), que le Directoire reçut solennellement le général Bonaparte dans la grande cour du Luxembourg ornée de tentures et de trophées, en présence du corps diplomatique, du corps législatif et des diverses autorités administratives. Nous n'entrerons pas dans le détail des incidents de la cérémonie longuement décrite dans le Moniteur (n°5 82 et 83). La musique fut représentée par le Conservatoire, mais elle n’eut qu’un rôle accessoire et la foule plus curieuse de voir et d'acclamer le « libérateur de l'Italie », ne lui prêta qu'une attention distraite. Un seul morceau nouveau est à signaler, le Chant du Retour (Contemplez nos lauriers civiques) de Chénier et Méhul. On ne peut aujourd’hui juger cette production de Méhul dans son intégralité; il n’en a été publié que la partition de chœur (n° 19 de l'édition in-folio du Magasin de musique), et la partie de chant, d’abord avec bassechiffrée (Chansons et romances civiques), puis avec petit orchestre militaire (Les Epoques). Ces fragments ne suffisent pas pour motiver l'éloge ou la critique, mais ils permettent de constater que cette nouvelle composition de Méhul n'offre rien de plus remarquable que ce que nous connaissons déjà de lui. Les vers de Chénier ont paru dans le Honiteur du 22 frimaire.
Un diner d'apparat fut offert au général à l'issue de la réception et le Conservatoire y prit part d'une façon assez originale. Entre chaque toast, il eut à exécuter les morceaux suivants : 1° Amour sacré de la Patrie (de la Marseillaise) ; 2° le Chant d_ Retour; 3° Veillons au salut de l'empire; 4° symphonie d'un caractère majestueux; 5° marche d'un caractère grave; 60 le pas de charge; 7° Ca ira; 8° Mourir pour la patrie (de la chanson de Roland, de Rouget de Lisle) ; 9° Où peut-on être mieux qu'au sein de sa famille?; vo° L'amitié franche et pure; 11° Air du Camp de Grand-Pré; 12° le Chant du départ.
La France n’en avait pas fini avec les guerres étrangères, et plus d'une fois encore, ses armées illustrèrent son drapeau, mais c'en était fait des célébrations publiques et solennelles. Cependant, on ne pouvait méconnaître la nécessité d’exciter la valeur et de récompenser le courage des soldats. Une loi en date du 11 vendémiaire an VIII (3 oct. 1799) institua donc des récompenses nationales. Le nom des soldats et officiers se distinguant par une action d'éclat devait être inscrit sur un livre appelé les Fastes militaires, déposé au Panthéon et porté, tous les ans avec pompe, au Champ de Mars sur l'autel de la patrie par le Directoire, le jour de la fête de la Reconnaissance. Enfin, des honneurs particuliers devaient être rendus aux généraux morts sur le champ de bataille (Bull. des lois, 2° série, n° 3318).
Ne terminons pas sans signaler les deux fêtes données à l’occasion de la publication de la paix, le 30 ventôse an IX (21 mars 1801) et le 18 brumaire an X (9 nov. 1801). Cette dermière fut considérable et la musique y tint une large place. Le programme du concert donné par le Conservatoire au temple de la Paix était ainsi composé : symphonie de Gossec; hymne à la République, Gossec; symphonie, Haydn; hymne religieux, Lesueur; ouverture, Méhul; chant d'allégresse, Martini; symphonie, Haydn; hymne à la paix, Méhul, Des orchestres militaires, formant un total de 300 exécutants, furent employés successivement à la fête nautique, à la pantomime et au concert. En outre, 200 musiciens furent requis pour les danses populaires.
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