Observations du comte de Lally-Tolendal sur la lettre écrite par M. le comte de Mirabeau au Comité des recherches, contre M. le comte de Saint-Priest, ministre d'État
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des gens qui ont voulu excicer le peuple, non pas depuis quelques Jours, mais depuis très-longtemps ; non pas fimplement par des difcours, mais par des écrits, des émiflaires, de l'argent; non pas contre l’affemblée nationale , mais contre le premier repréfentant de ja nation, contre fes plus chers intérêts, contre fon autorité la plus légitime, la plus effentielle à notre liberté, car c’eit par-là que je la prife. Ce que je fais à cet égard , je l’ai fa en traverfant les rues & les places publiques, & en y entendant des difcours qui faifoient horreur & pitié. Je lai fu en lifant ou des imprimés féditieux, ou des écrits anonymes qui m'étoient adreflés , & que je me hârois de dévouer, aux flammes. Je lai fu, en un mot, comme tout le monde l’a fu, par les faits. Mais j’ai vu la foule excitée, & n’ai pu la contenir; j'ai ignoré le nom des gens qui excitoient, & n’ai pu les dénoncer. Si pat la fuite jai cru en conhoître, je n’ai pas eu de quoi les convaincre. Ainf, je me fuis vu & je me vois encore réduit à gémir, à me taire, & à me réfigner, jufqu’à ce qu'il m'arrive ou des inftruétions ou des preuves. Que l’on m’accufe aujourd’hui d’avoir tenu un de ces difcours que j'ai lus ou entendus, un de ceux qui m'auront infpiré autant de mépris que d'indignation, bien certainement je repoufferai cette imputation, comme M. de Saint-Prieft a repouflé celle dont ik étoit l’objet : & je ne croirai pas excu/er, propager, défendre un propos ( pag. 11.) , parce que je le renierai avec mépris. Et lorfqu'on me dira qu’en traitant ce propos de erivral (pag. 12.) , jai voulu fournir de nouvelles armes aux féditieux, je répondrai que excès de la mauvaife foi reffemble donc quelquefois à celui de la démence.
Il y avoit donc une confpiration! (pag. 10.) en vouloit donc émouvoir le peuple ! Quoi! vous ne vous en étiez pas encore douté! Votre confiante fécurité n’avoit pas permis au moindre foupçon de vous approcher ! Mais actuellement que vous êtes inftruit, pourquoi donc voulez-vous prendre le change & le faire prendre aux autres ? Qu'il y ait eu une confpiration d’un autre genre, c’eft ce que je n’examine pas, & que l’avenir nous apprendra : fi celle-là n’eft pas prouvée, on pourra bien croire qu’elle n’a pas exifté ; du moins eft-il bien für qu’elle n’a encore rien produit. Mais comment a-t-il pu venir à l’efprit d’un homme d’ofer dire, & d’efpérer perfuader que la confpiration, la commotion du $ oëtobre étoient diri_&ées contre l’affemblée nationale? Quoi ! lorfque ces bri-
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