Oeuvres littéraires : ouvrage orné d'un portrait

RÉFLEXIONS SUR LA DÉCLAMATION 163

précède. Une phrase bien commencée finit presque toujours bien. — Par-dessus tout, se bien pénétrer de ce qu'on veut rendre. Que voulezvous être? orateur; soyez-le partout, dans votre chambre, dans la rue. Rien n’est plus fort que l'habitude ; elle vient à bout de tout. — Cherchez dans la phrase le mot qui porte, ou qui vient à l'appui de la phrase précédente. — En général, on doit, s’il est permis de parler ainsi, tendre les mots du sentiment qu'ils font naître. Par exemple, il y a dans Massillon : « Cet enfant auguste vient de naître pour la perle, comme pour le salut de plusieurs. » Elle voulait qu’on dit : « Cet enfant auguste vient de naître — pour la perte — comme pour lesalut — de plusieurs, » En parlant de la perte, marquez sur votre visage de la douleur de voir des hommes condamnés. En parlant du salut, marquez de la joie. »

M. Thomas m'a raconté les traits suivants :

Mademoiselle Clairon criait beaucoup les dix premières années qu'elle était au théâtre; elle s’aperçut qu'il devait exister une autre manière plus naturelle, que les grands éclats produisent moins d'effets que les accents sentis et pénétrés ; mais comment faire? on était accoutumé à son